Aline, journaliste, impliquée dans le monde des startups depuis quelques années. Elle nous a rendu visite quelques jours au New Work Lab dans le courant du mois de Novembre
Nous en avons profité pour lui poser quelques questions sur sa vision de l’entrepreneuriat dans la zone MENA, l’importance de la culture startup
1- Aline, peux tu nous parler de ton parcours ?
Diplômée de l’Edhec, j’ai toujours été attirée par le monde des startups. J’ai notamment travaillé pour Buzzcar en France avant de m’envoler pour le Moyen Orient avec l’envie de créer un site pour faire découvrir le monde arabe dans sa diversité, vendre ses objets et valoriser tous les aspects enchanteurs du monde arabe
J’ai rejoint en Janvier 2013 Wamda, comme journaliste. J’étais basée à Beyrouth pendant quelques mois. Maintenant, je suis à Paris et en charge de relayer toutes les informations relatives au monde des startups au Maghreb
2- Quel constat faites-vous des startups au niveau régional (MENA) ?
ça bouge
- Il y a un grand nombre de choses qui se passent dans la zone MENA : ça bouge assez vite et c’est positif. On voit apparaître partout des communautés qui créent des évènements, qui encouragent la création de startup. On est en pleine phase de construction de l’écosystème, il est important de prendre le temps de construire des bases saines et solides.
Des différences entre les pays de la zone MENA
- On note des différences entre les différents pays de la zone MENA, certains sont plus matures que d’autres, notamment dans la zone Moyen Orient
- Pour le développement des startups il est important d’avoir à la fois des entrepreneurs et un marché prêt à consommer. C’est le cas aujourd’hui dans certains pays du Moyen Orient
- Au Maroc, on a le sentiment, que les entrepreneurs sont prêts mais que le marché ne l’est pas encore tout à fait, ce qui peut être frustrant pour les entrepreneurs
Importance de la dimension régionale
- La dimension régionale est très importante dans le cas du développement des startups et pour faire face à des marchés souvent étroits
- Les entrepreneurs qui se lancent au Moyen Orient conçoivent des entreprises qui sont dès le départ des entreprises régionales. Cela leur permet d’avoir des marchés plus importants.
- Ceci est moins le cas au Maroc, où la dimension régionale est moins présente. Les entrepreneurs ne pensent pas beaucoup MENA et c’est peut être dommage car il y a beaucoup d’opportunités
3- Tes impressions sur l’entrepreneuriat et les startups au Maroc
ça bouge au Maroc, on voit l’apparition de nombreuses initiatives, acteurs qui veulent créer un écosystème, un environnement performant pour les entrepreneurs. Il y a de plus en plus d’évènements, de moments de rencontres pour favoriser le rapprochement des entrepreneurs, startupers
Des idées de l’étranger
- On rencontre beaucoup d’entrepreneurs issus de l’immigration. Des jeunes qui ont quitté leur terre natale pour étudier et travailler à l’étranger et qui reviennent avec des idées nouvelles.
A la conquête d’un marché plus global
- J’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs marocains qui créent des entreprises et développent des services pour l’étranger
- Cela me paraît extrêmement intéressant et témoignent d’une lucidité et d’une grande ambition. Les entrepreneurs n’hésitent pas à aller là où le marché se trouve. Cependant, il ne faut pas non plus négliger les marchés moins établis, ceux qui sont en expansion et un potentiel de croissance à long terme, surtout ceux avec qui les entrepreneurs marocains ont des points communs comme le Maroc mais aussi la fameuse région MENA avec qui les marocains partagent bien plus qu’une langue.
4- Comment développer l’écosystème entrepreneurial
[blockquote_right] Pour développer l’écosystème entrepreneurial : Créer une culture et un état d’esprit startup [/blockquote_right]
Développer la curiosité
Il est important que les entrepreneurs ou « wannabe » entrepreneurs développent un vrai sens de la curiosité. Il faut lire et être curieux pour trouver de l’inspiration et des solutions innovantes à ses problèmes. C’est important de se documenter, de chercher de l’information
Partager son experience
Il est très important d’organiser un transfert de connaissances, de partager ses « bonnes pratiques » pour que l’écosystème puisse se développer, que les success stories se multiplient et que le monde de l’entrepreneuriat web marocain sorte de l’ombre médiatique dans lequel il est en ce moment. Ce n’est que en s’entraidant que les entrepreneurs réussiront à créer des externalités positives qui leur seront utiles à tous et que des entrepreneurs venant de milieux moins « élitistes » rejoindront l’écosystème actuel.
Maîtriser les langues : arabe, anglais, français
La maîtrise des langues est essentielle pour s’implanter dans de nombreux marchés.
Donner envie d’entreprendre
Un des obstacles rencontrés : le poids des familles qui n’encouragent pas forcément l’entrepreneuriat et plébiscitent des modes de travail tels que le salariat. Il faut beaucoup de courage de surmonter le poids des familles. Il faut faire un travail d’évangélisation et d’enseignement sur l’entrepreneuriat massif pour que les opinions changent.
5- Comment créer une culture startup ?
L’environnement façonne les entrepreneurs, ils doivent baigner dans un environnement qui leur donne les moyens de réussir.
En montrant les success stories, on contribue grandement à cultiver cette culture startup. C’est une grande partie du travail que l’on fait chez Wamda. Nous voulons réussir à toucher des gens dans tous les milieux pour leur donner à tous les moyens et les bons outils pour devenir à leur tour entrepreneurs et réussir.
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Le rôle des médias
Il est important que les médias s’y intéressent et participent à l’emergence de ce mouvement en le soutenant fortement et en relayant toutes les belles histoires.
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Une phrase qui guide tes pas ou qui t’a marqué :
« if you can quit, you should. » Si tu arrives à imaginer ta vie sans le métier que tu fais à l’heure actuelle, alors tu devrais démissionner et te concentrer sur un métier qui te passionne vraiment
Merci Aline !